cendres sur les mains

de Laurent Gaudé

Trois personnages ; une espèce de terrain vague, un no man’s land pas vraiment situé, ni temporellement ni géographiquement.

Deux hommes brûlent des cadavres, fruits nauséabonds d’une guerre en cours dont l’origine reste floue. Même s’ils revendiquent régulièrement auprès de l’administration l’amélioration de leurs conditions de travail, les deux Fossoyeurs exécutent leur tâche déshumanisée, mécaniquement mais avec application ; comme deux ouvriers travaillant à la chaîne ; jusqu’au jour où l’une des cargaisons à réduire en cendres cache une femme qui, laissée pour morte, se relève. Cette Rescapée va bouleverser la routine des deux hommes, petites mains du régime, chargés d’effacer les traces peu glorieuses du conflit.

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“Mais qui sont ces deux-là? En quel jour? En quel lieu? On ne le saura pas. ils habitent la guerre, des cendres sur les mains comme l’indique le titre du spectacle. Sont-ils morts ou vivants ? “On est vivant puisqu’on se gratte” constate l’un des deux. Mais la mort est bien là. Les deux sont fossoyeurs (V. Arnaud et M. Dubuis). Ils brûlent des cadavres. Tant l’atmosphère est sépulcrale, le public dans la salle pourrait se croire chez Beckett (on ne peut s’empêcher de penser à Godot ou à Fin de Partie). Comme Estragon et Vladimir qui attendent Godot, les fossoyeurs attendent, dans la répétition absurde des journées de travail, qu’on leur apporte de la chaux pour qu’ils se grattent moins.
Lorsqu’une rescapée va s’extirper soudain de la fosse qui fume, la vie des deux bascule, peu à peu se corrode. Ils se sentent coupables, se grattent jusqu’au sang et meurent à leur tour, précisément à l’heure où arrive la chaux.
La pièce Cendres sur les Mains, vendredi 21 septembre, lançait la saison culturelle de la ville de Mende, à l’Espace des Anges. La représentation du texte de Laurent Gaudé venait parachever 10 jours de résidence du Théâtre Debout, compagnie que dirigent depuis 2005 Lucile Dupla et Charlotte Michelin.
La mise en scène collective, originale et efficace, qui dédoublait la rescapée entre action et parole, Lucile en narratrice (à la façon du Coryphée dans le théâtre antique), et Charlotte son spectre en actrice muette (à la façon Ika dans La Guerre du feu), a tenu en haleine les spectateurs sur les gradins pendant une heure et quart. La musique de Franck Capelle participait aussi au climat oppressant de cette métaphore de l’existence humaine entre espoir et attente et désastre annoncé.
Entre fragilité et solitude aussi. Dans un décor baroque (dans la disparité des matériaux choisis et les volutes de fumée dont les lumières renforçaient la fonction esthétique), le texte de Gaudé mettait en scène une parole, entre réalisme et lyrisme, qui interroge l’homme et qui se veut sans jugement. Et si Beckett n’était pas loin, Kafka, Camus, et Ionesco non plus…”

Bernard Vanel, La Lozère Nouvelle, 27 septembre 2018

Auteur : Laurent Gaudé

Mise en scène,
scénographie et jeu :

Vincent Arnaud, Martin Dubuis,
Lucile Dupla, Charlotte Michelin

Musique : Franck Capelle

Photos : Bernard Vanel

Partenaires : Le Service Culturel de la Ville de Mende (48), le Théâtre St Martin de Vienne (38), le TNP de Villeurbanne, la Compagnie L’Hiver nu (48).

Soutiens : Département de la Lozère

Prix : ce projet est finaliste de la sélection “Maquettes” du Prix Célest’1 2019, organisé par le Théâtre des Célestins de Lyon.

Mairie, Le Puech / 48190 ALLENC
Lucile DUPLA / 06 87 14 53 35
Charlotte MICHELIN / 06 70 91 46 05

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